François Jobard indique que le phénomène météorologique de catégorie 3 s’oriente en direction des îles Grenadine et pourrait éventuellement être promu en catégorie 4. Par ailleurs, une alerte orange a été déclenchée pour la Martinique.
Le premier ouragan de la saison de l’Atlantique, Béryl, se dirige vers le sud-est des Caraïbes, selon des informations du Centre national des ouragans (NHC) publiées le lundi 1er juillet au matin. Initialement classé comme un « ouragan de catégorie 4 extrêmement dangereux », Béryl a été rétrogradé en catégorie 3 le dimanche précédent. Cependant, cette rétrogradation pourrait être temporaire, comme l’explique François Jobard, prévisionniste à Météo-France. Actuellement, une alerte ouragan est effective pour les îles de la Barbade, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et Grenade. La Martinique est en alerte pour une tempête tropicale, de même que le sud d’Haïti et la Dominique.
Franceinfo : Pouvez-vous nous donner un aperçu de la situation actuelle de l’ouragan et nous dire à quoi s’attendre dans les prochains jours ?
François Jobard : Béryl se trouve actuellement à l’ouest des Antilles et se dirige vers l’ouest. Il devrait atteindre l’archipel des îles Grenadines ainsi que l’île de la Barbade dans les prochaines heures. Bien qu’il ait été rétrogradé en catégorie 3, cette situation pourrait être temporaire et nous pourrions voir un renforcement imminent.
« Nous prévoyons des vents d’environ 220 km/h avec des rafales pouvant dépasser les 250 km/h au cœur de l’ouragan. »
François Jobard, prévisionniste à Météo-Franceà France Matin
Comme pour tous ces phénomènes, les dangers principaux proviennent d’une forte surcote, soit une augmentation locale du niveau de la mer, ainsi que de pluies torrentielles. Cet effet de surcote peut se mesurer en mètres et peut causer des dégâts importants.
Après avoir touché les Grenadines, Béryl pourrait passer suffisamment près de la Jamaïque pour y causer des dommages significatifs mercredi après-midi. Selon le NHC, il se dirigerait ensuite vers le Mexique et sa péninsule du Yucatan.
La Martinique est actuellement en vigilance orange. Quels sont les risques sur place ?
Il est vrai, une alerte orange pour vagues-submersion est actuellement en cours. De grosses vagues devraient déferler sur le littoral et pourraient endommager les zones les plus vulnérables. Il y a également une alerte jaune pour les risques de fortes pluies et de vents forts.
« Les cumuls de pluie pourraient atteindre 80 mm et les rafales 100 km/h. »
François Jobard, prévisionniste à Météo-Franceà France Matin
Malgré le fait que les effets les plus dévastateurs sont attendus sur la Barbade et dans les îles Grenadines, il est recommandé à la population locale de rester à l’écart du littoral, d’éviter de prendre des risques inutiles pour prendre des photos ou admirer l’océan déchaîné à cause des grosses vagues qui peuvent emporter les personnes. Pour les vents forts, il est également conseillé d’éviter les zones boisées à cause du risque de chute de branches.
L’intensité de ce phénomène est-elle exceptionnelle ?
L’ouragan Béryl présente des caractéristiques assez remarquables du point de vue climatologique. Il est le plus intense à frapper les Petites Antilles en juillet, alors que la saison cyclonique ne fait que commencer.
Avant cette année, il n’y avait pas eu d’ouragan aussi puissant frappant les Petites Antilles avant le 4 août [l’ouragan Allen avait touché les Antilles en catégorie 4 le 4 août 1980]. Et plus généralement, à l’échelle de tout le bassin Atlantique nord, c’est la première fois qu’on observe un phénomène de cette catégorie en juin [Béryl était en catégorie 4, le 30 juin].
« De plus, nous avons observé une intensification extrêmement rapide du phénomène. En moins de quarante-deux heures, nous sommes passés d’une dépression tropicale à un ouragan majeur. »
François Jobard, prévisionniste à Météo-Franceà France Matin
C’est un fait assez rare, en général, et d’autant plus exceptionnel en fin juin. Les seules fois où cela s’est produit aussi rapidement, c’était en septembre.
Cette situation « extraordinaire » est-elle liée à l’augmentation globale des températures, due aux émissions de gaz à effet de serre ?
Nous nous attendions à ce que la saison cyclonique soit active, étant donné que l’Atlantique est en surchauffe depuis l’année dernière. Les températures dans le bassin sont en effet plus proches de celles de la fin de l’été que du début. Nous devons encore étudier l’attribution de ce phénomène au réchauffement climatique, mais on peut déjà affirmer que plus il fait chaud, plus on s’attend à des phénomènes intenses, plus dangereux, à une intensification rapide. C’est exactement ce qui se passe avec Béryl.
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