Dans le contexte où l’état envisage de transformer le système de logement social, le leader du Rassemblement national et candidat principal aux élections européennes déclare que « 31% des immigrés sont actuellement logés en HLM » et qu’il existe une « réelle préférence pour les étrangers » dans la distribution de ces logements.
Le gouvernement français envisage une réforme du secteur du logement social, qui encouragerait les locataires dont les revenus dépassent les limites établies à quitter leur logement social. Cependant, le président du Rassemblement national et candidat aux élections européennes pense qu’il y a un problème dans la manière dont les logements sociaux sont attribués. Selon lui, 31% des migrants vivent dans des logements sociaux en France, en particulier dans les banlieues, et il pense que certaines décisions politiques de la gauche ont favorisé une « préférence étrangère » dans l’attribution de ces logements. Est-ce vrai ou faux ?
Un tiers des ménages dont le chef de famille est né à l’étranger vivent dans un logement social
Il est vrai que 31% des ménages dont le chef de famille est né à l’étranger, et donc considérés comme « migrants », vivent dans un logement social, selon les dernières statistiques de l’Insee publiées en 2018 et basées sur des données de 2016. En comparaison, 14% des ménages dont le chef de famille est né en France vivent dans un logement social. Cependant, ce chiffre ne prouve pas qu’il y a une « préférence étrangère », comme le suggère Jordan Bardella. En effet, « migrants » et « étrangers » ne désignent pas la même réalité : les migrants sont nés à l’étranger, mais certains ont depuis obtenu la nationalité française. Ces personnes sont donc des citoyens français vivant dans des logements sociaux, et non des étrangers.
L’origine n’est pas un critère pour l’attribution d’un logement
On ne peut pas parler de « préférence étrangère » non plus, car les personnes ne sont pas attribuées un logement social en fonction de leur origine. Les critères d’attribution sont basés sur la situation sociale : les revenus et la composition de la famille sont les principaux facteurs pris en compte. En général, les familles de migrants ont des revenus plus bas et sont souvent plus nombreuses ou monoparentales. Selon l’Insee, « leurs ressources, la composition de leur famille ou leurs conditions de logement antérieures correspondent plus fréquemment aux critères d’attribution d’un logement social ». Ces familles rencontrent plus de difficultés pour trouver un logement, et se tournent donc vers le logement social. Ce phénomène est également observé dans d’autres pays européens, comme le souligne la Fondation Abbé Pierre.
Cependant, cela ne signifie pas que les familles de migrants occupent une grande part des logements sociaux. 31% des migrants vivent dans un logement social, mais ils ne représentent pas 31% des logements sociaux. Selon la dernière enquête sur le logement de l’Insee, il y a 2,7 millions de ménages de migrants en France. Parmi eux, 31% vivent dans un logement social, ce qui équivant à environ 840 000 logements sociaux occupés par une famille de migrants. En revanche, il y a 25,3 millions de ménages considérés comme « non migrants ». Parmi eux, 14% vivent dans un logement social, soit environ 3,5 millions de logements sociaux occupés par une famille dont le chef de famille est né en France.
La majorité des résidents de logements sociaux sont nés en France
En conséquence, on peut estimer qu’environ 80% des logements sociaux sont habités par des familles nées en France. Les migrants occupent moins de 20% de tous les logements sociaux. Selon l’Union sociale pour l’habitat, en 2017, 12% des logements sociaux étaient habités par des étrangers. De son côté, le ministère du Logement avait indiqué au journal Le Monde qu’en 2015, 3,8% des logements sociaux avaient été attribués à des citoyens européens et 13% à des étrangers hors Union européenne.
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