Selon les dernières données publiées par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) le 28 décembre, l’Orne est le département normand qui a enregistré la plus grande perte de population. Malgré ce constat, ni les élus locaux des communes touchées, ni les résidents ne semblent être alarmés par cette situation.
Les habitants du département de l’Orne en Normandie ont des sentiments partagés lorsqu’ils entendent que leur région est la moins attrayante de la Normandie et qu’elle perd le plus grand nombre de résidents chaque année. D’après les données de l’Insee publiées le 28 décembre, l’Orne a enregistré une baisse de 9.645 résidents entre 2015 et 2021, la plus importante de toute la Normandie. Ces chiffres préoccupent Patrick Ameslant, le maire de Nonant-le-Pin : « Nous avons beaucoup de personnes âgées et seules vivant dans des maisons anciennes. Lorsqu’elles disparaissent, personne ne souhaite s’y installer en raison des importants travaux à réaliser. Certaines de ces maisons sont inoccupées depuis 25 ans, ce qui n’est pas normal.«
En 1968, la localité comptait 668 résidents. En 2021, ce chiffre est descendu à 413, soit une baisse annuelle moyenne de 3,45 % depuis 2015. Une diminution conséquente soulignée par le maire, qui l’attribue au vieillissement de la population : « Une année normale à Nonant-le-Pin, c’est entre cinq et six décès pour trois à quatre naissances. En 2023, ces chiffres étaient encore plus déséquilibrés.«
Un village bien doté en équipements
Malgré le départ de ses habitants, Nonant-le-Pin, situé à 5 km du Haras du Pin, dispose d’infrastructures diverses : une boulangerie, une pharmacie, une école, un terrain de jeux urbain et une station-service. L’édile reste positif et mise sur ces équipements pour attirer de nouveaux résidents. Afin de garantir la survie des villages, un projet de nouvelle commune est en préparation pour la fin de l’année 2024 avec quatre autres communes du secteur : le Merlerault, la Genevraie, Godisson et les Authieux-du-Puits.
« Nous ne pouvons pas obliger les gens à s’installer ici »
Certains maires s’inquiètent de cette situation, mais d’autres, comme Stéphane Lecaché, maire de la Trinité-des-Laitiers, prennent les choses comme elles viennent : « Il y a plus d’animaux (bovins et cervidés) que d’habitants dans la commune« , plaisante-t-il. À la Trinité-des-Laitiers, le nombre d’habitants est de 60, soit une baisse annuelle moyenne de 3,45 % depuis 2015. Malgré cette situation, le comité des fêtes organise régulièrement des événements : « Les gens aiment venir ! Mais nous nous accommodons de cette situation ! Nous ne pouvons pas offrir de l’argent aux gens pour qu’ils s’installent à la Trinité-des-Laitiers« , dit-il en riant. Ce qui compte pour lui, c’est que toutes les maisons du village soient occupées ou bien entretenues par des personnes non résidentes. « C’est un cycle. Les choses changeront.«
Moins de construction en raison des réglementations
Pour François Carbonell, président de l’association des maires ruraux de l’Orne, il n’y a pas que le manque d’emploi ou de commerces qui éloignent les gens de l’Orne. La loi zéro artificialisation nette des terres agricoles et des espaces lui pose problème : « Les nombreuses lois actuelles ne facilitent pas notre travail. Cette loi remet en question la possibilité de construire dans nos petites communes rurales. C’est une sorte de crime, car elle empêche les gens de s’installer. » Il est préoccupé par cette situation : « Je ne voudrais pas qu’on décide de ne pas maintenir certaines communes parce qu’elles ont moins de 100 habitants. » Pour lui, il est crucial que chaque petite commune de proximité perdure et conserve son indépendance. « Nos résidents ne se plaignent pas de vivre dans de petits villages« , conclut-il.
« La loi zéro artificialisation est une sorte de crime car elle empêche les gens de s’installer« , explique François Carbonell, président de l’association des maires ruraux de l’Orne.
Les habitants des petits villages ruraux ou des villes comme Gacé ne sont pas alarmés par ces résultats. Ils sont convaincus qu’un jour, une véritable prise de conscience aura lieu et que de nombreuses personnes souhaiteront retourner vivre à la campagne.
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