La recherche, conduite du 9 octobre au 26 décembre 2023 par l’observatoire de la qualité de l’air en Nouvelle-Aquitaine, est la première à inclure des échantillonnages dans une zone urbaine.
Une inquiétude grandissante des responsables locaux face à des résultats alarmants
Des traces de pesticides ont été décelées dans l’air du centre-ville de La Rochelle, en Charente-Maritime, non loin de grandes étendues de cultures céréalières, d’après les conclusions d’une étude diffusée le 12 juillet par l’observatoire de la qualité de l’air en Nouvelle-Aquitaine (Atmo). Cette enquête, effectuée du 9 octobre au 26 décembre 2023, est la première à intégrer des échantillons prélevés en milieu urbain.
Le rapport indique que la moyenne hebdomadaire de la concentration de pesticides dans l’air a atteint « 3,9 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) d’air pour les herbicides » sur la place de Verdun, en plein centre-ville, à moins de 2 km de la première parcelle de culture. Ces taux sont approximativement trois fois plus importants à Montroy (13,2 ng/m3) et Saint-Christophe (11,8 ng/m3), deux autres lieux de prélèvements localisés dans des zones rurales, respectivement à 15 et 20 km à l’est de La Rochelle.
« Ces substances sont hautement volatiles »
Cette différence de concentration suggère « un déplacement des molécules par l’air depuis les zones cultivées vers cette zone urbaine », selon l’étude. Cela « démontre scientifiquement que ces substances sont hautement volatiles et qu’on les retrouve loin de l’endroit où elles sont épandues », confie à l’AFP Marc Maigné, médecin et élu chargé de la politique de santé environnementale pour l’agglomération de La Rochelle.
Les molécules principalement retrouvées sont le prosulfocarbe, majoritairement utilisé à l’automne comme herbicide sur les céréales d’hiver, et la pendiméthaline, un herbicide à large spectre utilisé aussi bien sur des céréales, que sur du colza, du maïs, des vignes ou des vergers. « La présence de pesticides dans l’air n’est pas réglementée », souligne Florie Francony, ingénieure d’études responsable de la qualité de l’air à Atmo Nouvelle-Aquitaine. « Il n’y a donc pas de seuil », comme c’est le cas pour la présence de pesticides dans l’eau.
La contamination par les pesticides est une problématique très sensible dans le secteur, depuis le déclenchement en 2018 d’une alerte sanitaire par le centre hospitalier de Poitiers, pour signaler le nombre élevé de patients – une cinquantaine d’adultes et plusieurs enfants – atteints d’hémopathies et cancers à Saint-Rogatien, un village de 2 200 habitants proche de La Rochelle.
« C’est une pollution qui s’ajoute aux autres pollutions, trafic automobile, particules fines, etc. », souligne Marc Maigné. Même s’il n’établit pas de lien direct avec le taux local anormalement élevé de cancers pédiatriques, parce qu’il suspecte un effet cocktail, il estime qu’il « faut qu’on augmente la fréquence de ces études et qu’on fasse remonter ces chiffres au niveau national ».
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