Tandis que quelques individus soutiennent l’idée de transformer l’audiovisuel public français en une version locale de la « BBC », ces dernières années, le groupe de médias britannique a dû faire face à des restrictions budgétaires et a dû réduire son personnel.
L’idée d’une « BBC à la française » a souvent été évoquée dans le cadre du projet de réforme du service audiovisuel public français, qui va être prochainement présenté à l’Assemblée nationale. Le groupe public de télévision et radio britannique, la BBC, est en effet une référence mondiale, malgré les difficultés qu’il rencontre depuis plusieurs années.
La BBC a été fondée en 1922 en tant que société commerciale de radiodiffusion avant de devenir, en 1927, une société de droit public régulée par une Charte royale. « La vocation de la BBC est d’œuvrer dans l’intérêt public, en proposant à tous les publics des contenus et des services neutres, de haute qualité et originaux, dans le but d’informer, d’éduquer et de divertir », peut-on lire dans sa mission.
Aujourd’hui, la BBC regroupe des chaînes de télévision (huit nationales et sept régionales), des stations de radio (10 nationales, sept régionales et 39 locales) et des médias en ligne au Royaume-Uni, sans oublier le BBC World Service, un important service international. Elle emploie environ 21 000 personnes, est financée à hauteur de 65% par la redevance télé et bénéficie d’un budget global (incluant les revenus commerciaux) de 5,7 milliards de livres (environ 6,6 milliards d’euros).
Au cours de la dernière décennie, le budget de la BBC a été réduit de 30% en raison des coupes budgétaires mises en place par la majorité conservatrice. Cette dernière a également décidé de geler la redevance ces deux dernières années, malgré une inflation en forte hausse. En conséquence, le groupe a dû supprimer 1800 postes et mettre en place un plan d’économies de près de 600 millions d’euros par an. Comme tous les acteurs traditionnels du secteur, la BBC doit également faire face à la concurrence accrue de plateformes comme Netflix, Amazon, Youtube, etc.
La direction de la BBC, surnommée « Beeb » au Royaume-Uni, a donc décidé de réallouer plus de 230 millions d’euros pour investir davantage dans le numérique et innover dans ce domaine. Cependant, cela signifie également moins d’argent pour les services existants, et donc une offre réduite. Les programmes internationaux et locaux ont particulièrement été impactés par ces décisions budgétaires. Des services entiers et des émissions spécifiques, représentant plus de 1000 heures de programmes, ont été supprimés.
La BBC à la recherche de nouvelles sources de financement
Face à cette diminution des ressources, la BBC est contrainte de chercher de nouvelles solutions de financement. La principale question concerne la redevance, qui après avoir été gelée pendant deux ans, s’élève aujourd’hui à 198€/an et a récemment augmenté de 12€. Tim Davie, le directeur général de la BBC, est ainsi chargé de réfléchir à son évolution. Une des pistes envisagées serait une redevance ajustée en fonction des revenus. En d’autres termes, les personnes les plus pauvres paieraient moins, voire pas du tout, et les plus riches compenseraient. Parallèlement, Tim Davie a déclaré que la BBC ne pourrait plus assumer le coût de BBC international, qui s’élève à 350 millions d’euros par an.
BBC International, qui diffuse dans tous les pays anglophones, contribue grandement à la notoriété de la marque et du Royaume-Uni. Selon Tim Davie, le gouvernement devrait prendre en charge ce « soft power ». La BBC dispose également d’une branche commerciale, BBC Studios, qui a généré 280 millions d’euros de revenus l’année dernière.
La direction de la BBC vise à doubler ce montant. Pour y parvenir, elle envisage de collaborer avec de grands groupes internationaux tels que Disney. La BBC a déjà co-diffusé la dernière saison de la série britannique Doctor Who avec Disney, ce qui lui a permis d’acquérir une renommée mondiale et donc d’accroître ses revenus.
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