Suite à sa demande d’initiation d’une investigation concernant les attaques qu’a subies une nouvelle recrue féminine dans la Marine, Laetitia Saint-Paul, parlementaire et commandante de l’armée terrestre, a été inondée de récits relatant des incidents comparables.
« J’ai pris conscience que ma messagerie professionnelle s’était transformée en une sorte de #MeToo militaire. J’ai reçu des retours de présidents de catégories qui m’ont confié : « J’ai observé, j’ai signalé, j’ai accompli mon devoir, et la réponse qui m’a été donnée était : “Bon, elle devait sûrement porter un string” », confie Laetitia Saint-Paul, députée du groupe Renaissance et capitaine de l’armée de terre. Dans sa jeunesse, elle a suivi sa classe préparatoire aux grandes écoles au Prytanée national militaire de La Flèche, avant d’entrer à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr.
« J’ai vite réalisé que j’étais entrée dans une institution où les comportements inappropriés étaient plutôt encouragés par l’encadrement, du moins durant la période de formation avec des élèves classés dans des catégories, où il était normal de ne pas parler aux filles. Ils pratiquaient ce qu’ils appelaient l’indifférence courtoise, qui n’avait rien de courtois du tout. Tout était organisé pour nous faire démissionner”.
« Un supérieur qui signale des problèmes dans son unité voit sa carrière détruite. Il y a une inversion de la hiérarchie des valeurs »
Suite à une demande d’enquête sur des agressions subies par une jeune recrue de la Marine, la députée a reçu de nombreux autres témoignages. À travers ces récits, elle comprend aussi que « un supérieur qui signale des problèmes dans son unité voit sa carrière détruite. Alors qu’il devrait recevoir une lettre de félicitations pour avoir dénoncé une agression. Il y a une inversion de la hiérarchie des valeurs ». En 2014, le ministère des Armées a mis en place la cellule Thémis, qui offre aux victimes de harcèlement sexuel, de violences sexuelles et de discriminations à caractère sexuel la possibilité de saisir l’autorité hiérarchique compétente pour gérer la situation. Dix ans plus tard, Laetitia Saint-Paul déplore que la cellule soit toujours « interne aux armées, donc dirigée par des militaires. Je pense qu’il faut parfois apporter un peu de fraîcheur et peut-être que la solution serait de l’externaliser ».
Elle poursuit : « Je constate que les directives ministérielles ne sont pas suivies. Et moi, je veux que la loi soit respectée. J’ai décidé de témoigner et de solliciter le ministre des Armées, Lecornu, la ministre des Droits des femmes, Aurore Bergé, la présidente de la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée, Véronique Riotton, et je suis bien décidée à ne pas laisser les choses être balayées sous le tapis ».
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