Le précédent ministre en charge du Travail a été acquitté jeudi, peu de temps après l’acquittement du ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti. Ces deux acquittements renforcent la détermination d’Emmanuel Macron à donner priorité au concept de présomption d’innocence par rapport à tous les autres principes.
Olivier Dussopt a été mis en examen pour des allégations de favoritisme liées à un contrat de fourniture d’eau signé en 2009, lorsqu’il occupait le poste de maire d’Annonay, en Ardèche. Le Parquet national financier avait demandé une peine de six mois de prison avec sursis et une amende de 15 000 euros. Après une procédure longue de trois ans et demi, il a été acquitté par le tribunal correctionnel de Paris le jeudi 17 janvier.
Olivier Dussopt s’est déclaré « ravi » que sa « culpabilité » ne soit pas prouvée et que « la justice lui ait donné raison ». Il est le deuxième ministre à être acquitté par la justice en quelques semaines. À la fin du mois de novembre, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, avait également été déclaré non coupable par la Cour de justice de la République pour des accusations de prise illégale d’intérêt. On lui reprochait d’avoir utilisé sa position ministérielle pour engager des poursuites administratives contre des magistrats avec lesquels il avait un différend.
Tout au long des procédures judiciaires, Emmanuel Macron a maintenu ces deux ministres en poste. Les deux acquittements vont renforcer la volonté du Président de mettre le principe de présomption d’innocence au-dessus de tous les autres.
La nouvelle ministre de la Culture, également mise en examen
Lors de sa conférence de presse du mardi soir, Emmanuel Macron a de nouveau invoqué le principe de présomption d’innocence pour justifier la nomination de Rachida Dati au poste de ministre de la Culture, malgré sa mise en examen pour « corruption passive » dans l’affaire Renault. Il a justifié cette décision par l’abolition des directives individuelles de la Chancellerie, ce qui a renforcé l’indépendance du Parquet. Pour le président Macron, la justice doit être rendue dans les tribunaux, et non pas dans les médias ou sur les réseaux sociaux.
Néanmoins, il s’agit d’une prise de risque politique que de s’appuyer sur des ministres mis en examen. Emmanuel Macron pourrait en mesurer les conséquences dans les prochaines semaines, si Rachida Dati est renvoyée en correctionnelle. La ministre de la Culture est connue pour son franc-parler et sa défense acharnée. Comme elle l’a démontré une fois de plus mercredi, en confirmant sa candidature aux élections municipales de Paris juste après sa nomination rue de Valois. Ce choix d’Emmanuel Macron pourrait encore tendre les relations entre les politiques et les magistrats. C’est un pari politique audacieux, mais qui pourrait s’avérer payant compte tenu de l’impopularité des juges auprès du public.
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