Dans « Micro européen », Jiri Hnilica parle d’Emil Zátopek, une icône de l’athlétisme, du demi-fond au marathon, surnommé la locomotive. Il venait de Tchécoslovaquie.

Hommage à Emil Zátopek, une légende de l’athlétisme, raconté par Jiri Hnilica, directeur du Centre culturel tchèque à Paris et historien de formation

Emil Zátopek, quadruple médaillé d’or olympique et détenteur de plusieurs records du monde, est une figure incontournable de l’athlétisme. Jiri Hnilica nous fait revivre l’histoire de ce champion exceptionnel.

Emil Zátopek, une figure légendaire du sport ?

Jiri Hnilica : Zátopek est indéniablement une légende, et ce à plusieurs titres. Il est une figure marquante du sport, de l’histoire humaine et du XXe siècle. Ses exploits sportifs, notamment durant les années 1950, ont coïncidé avec l’émergence de l’état communiste tchécoslovaque, mais aussi avec le mouvement du Printemps de Prague. Il s’est d’ailleurs retrouvé au coeur de ce mouvement, subissant par la suite les représailles de la normalisation, avant d’être honoré à l’époque de Vaclav Havel. On peut donc parler d’une légende qui a accompagné le XXe siècle tchèque.

Les records en série de Zátopek

Zátopek a commencé à se faire connaître en 1947 lors des championnats du monde militaire d’athlétisme à Berlin et lors des Jeux olympiques de Londres en 1948. En 1949, il établit son premier record du monde, suivi d’un second en 1950, année durant laquelle il remporte également les championnats d’Europe de Bruxelles. En 1952, il réalise un triplé olympique sans précédent, avant de terminer sa carrière entre 1955 et 1957.

C’est à cette époque que le rideau de fer tombe et que le sport devient bien plus qu’une simple compétition : il devient un enjeu de représentation. Zátopek, grand marathonien, émerge à ce moment précis. Son ascension en tant que grand sportif a commencé pendant la guerre à Zlin, une ville célèbre de Bat’a, où les talents de toutes sortes se retrouvaient.

Zátopek s’impose donc comme un grand talent en 1947/48. Il convient de noter que sa réussite sportive est due à sa persévérance et à son entraînement atypique. Il s’agit donc d’un succès sportif dû à la persévérance, bien au-delà des connotations politiques.

Un entraînement singulier

Zátopek a été surnommé « la pieuvre » en raison de ses mouvements désorganisés en début de carrière. L’image qui me vient à l’esprit est celle de Zátopek s’entraînant à Zlin en tirant derrière lui un pneu de tracteur.

Il convient de préciser qu’il était militaire de carrière, s’entraînant toujours en forêt, dans les champs, par tous les temps. Lorsqu’on compare son entraînement à celui des sportifs d’aujourd’hui, on a du mal à comprendre comment il a pu réussir.

L’engagement politique de Zátopek

Cet athlète renommé, qui a bouleversé l’Europe avec ses records mondiaux et ses triplés olympiques, a également joué un rôle dans la politique de la Tchécoslovaquie lors du Printemps de Prague.

En effet, Zátopek, ainsi que sa femme Dana Zátopková, médaillée olympique en lancer du javelot, ont publiquement protesté contre l’occupation soviétique en 1968, ce qui a mis fin à leur carrière professionnelle.

La chute et le retour de Zátopek

Après leur protestation, ils ont été marginalisés, jusqu’au retour de la démocratie, où Vaclav Havel a réhabilité Zátopek en tant que figure nationale.

Outre ses exploits sportifs, Zátopek était également reconnu pour son humanisme. Toujours souriant, il incarnait véritablement l’esprit olympique. C’est aussi pour cette raison qu’il est devenu si populaire : son comportement était extrêmement sympathique et ouvert.

Zátopek, une figure toujours présente en Tchéquie

Zátopek demeure une figure marquante en Tchéquie. Il a été le sujet d’un film, d’un dessin animé et reste une icône sportive pour la génération de nos grands-parents.