Il y a plus d’un demi-siècle, en 1959, un personnage héroïque doté d’une moustache blonde et d’un casque ailes faisait son apparition pour la première fois dans le magazine « Pilote ». Pour marquer cet événement, Anne Goscinny et Sylvie Uderzo ont partagé les détails passionnants de l’histoire d’Astérix avec France Matin.

Par Toutatis, cela fait déjà 65 ans! Certains héros semblent avoir toujours existé. C’est le cas d’Astérix, le Gaulois le plus célèbre de la bande dessinée. L’année 2024 sera marquée par divers événements pour célébrer le 65ème anniversaire du petit homme à la moustache et au casque ailé. Les festivités commencent le 17 janvier avec la publication d’une version améliorée et limitée de sa toute première aventure, simplement intitulée « Astérix le Gaulois ».

Pour cet anniversaire unique, France Matin a réuni les filles d’Uderzo et Goscinny – qui, comme elles le disent elles-mêmes avec humour, « sont vraiment tombées dans la marmite quand elles étaient petites » – pour une interview croisée. Sylvie et Anne ont partagé avec émotion leurs souvenirs du célèbre village gaulois vu de l’intérieur, avec toujours la présence bienveillante d’Albert et René à proximité.

Lorsqu’on leur a demandé ce qu’Astérix représentait pour elles, Sylvie Uderzo a expliqué que cela représentait énormément de choses pour elle. Elle a grandi avec Astérix, ayant trois ans de plus que lui. Pour elle, il faisait partie de son quotidien : son père travaillait à la maison, dessinant dans leur HLM de Bobigny. Elle se souvient avec joie de ces moments. Plus tard, elle a travaillé pendant vingt ans avec son père sur Astérix. Aujourd’hui, elle est titulaire des droits de la bande dessinée, un rôle qu’elle considère comme le moins agréable de sa vie par rapport à Astérix.

Anne Goscinny a quant à elle avoué que la question était compliquée pour elle. Astérix est sans doute l’une des plus grandes réussites de son père. C’est aussi, pour son père, le moyen qu’il a trouvé pour être connu et reconnu, lui qui a tant œuvré pour que la bande dessinée soit reconnue comme un art majeur. Astérix a été pour lui un moyen d’exister publiquement – bien qu’il ait fait beaucoup d’autres choses – et un moyen de permettre à la bande dessinée d’être lue par les enfants bien sûr, mais aussi et surtout par les adultes. Avec Astérix, elle estime que son père a permis aux adultes de se décomplexer en lisant de la bande dessinée. Ce n’était plus du tout un genre réservé aux enfants ou un « sous-genre » : il a vraiment élevé la bande dessinée au rang de littérature.

Astérix est né en 1959, dans le magazine Pilote, avant l’album Astérix le Gaulois, publié en 1961. Cependant, Sylvie Uderzo a fait la connaissance d’Astérix à travers l’atmosphère particulière, un peu bohème et artistique, de sa maison. Son père se levait très tôt et se couchait très tard. Il lui laissait de petits dessins sur son bureau qu’elle découvrait au réveil le matin. C’est ainsi qu’elle a découvert très tôt la bande dessinée.

En revanche, Anne Goscinny a déclaré qu’Astérix et Obélix sont des personnages qui l’ont précédée. Ils sont nés en 1959, et elle en 1968. Elle ne sait pas ce que c’est que la vie avant eux, la vie sans eux. Son père est mort en 1977, quand elle avait neuf ans.

Dans toute la multitude de personnages qui ont pu exister au cours de ces 65 années, Sylvie Uderzo a déclaré qu’elle aimait beaucoup Obélix, mais qu’il y avait aussi un petit personnage qu’elle aimait beaucoup qui n’est venu qu’une fois, c’est Pépé dans Astérix en Hispanie. Anne Goscinny a quant à elle déclaré qu’au-delà d’un personnage, ce qu’elle aimait dans Astérix, c’était l’esprit de rébellion et de résistance qui régnait dans ce village.

En 65 ans, et avec 40 BD d’aventures, Astérix a bien sûr eu un impact énorme sur la culture populaire, avec des expressions que l’on peut lire ou entendre régulièrement, comme « La potion magique », « Ils sont fous ces Romains », « Le ciel leur tombe sur la tête »… Sylvie Uderzo a déclaré que c’était toujours une belle surprise et qu’elle était très touchée quand elle entendait ces expressions. Anne Goscinny a ajouté que c’était évidemment une grande fierté que son père et Albert Uderzo soient à l’origine de ce qui est devenu un véritable phénomène de société du XXe siècle, qui se prolonge jusqu’au XXIe siècle.

En ce qui concerne les éventuels échecs dans la carrière d’Astérix, Sylvie Uderzo a déclaré qu’il n’y en avait pas eu. Anne Goscinny a mentionné un seul échec : le dessin animé « Astérix le Gaulois » de 1967, qui a été réalisé dans les studios Belvision, sans que son père ni Albert Uderzo ne soient au courant. Ils ont été furieux et ont décidé de faire eux-mêmes les dessins animés pour que rien ne leur échappe.

Enfin, interrogées sur ce à quoi ressemblera Astérix dans les 65 prochaines années, Anne Goscinny a déclaré qu’elle pensait qu’Astérix faisait partie aujourd’hui du présent des gens, mais aussi de leur mémoire. Sylvie Uderzo a ajouté qu’elle serait bien présomptueuse de le dire, mais qu’elle ferait tout pour qu’Astérix ait encore de belles années devant lui pour vivre de belles aventures.