Le romancier d’origine haïtienne, Lyonel Trouillot, a rendu hommage à l’œuvre de Maryse Condé, décédée ce mardi à l’âge de 90 ans. L’auteure l’avait particulièrement impressionné par son mélange unique de puissance et de sensibilité.
L’écrivain haïtien Lyonel Trouillot a rendu hommage à Maryse Condé, qui nous a quittés à l’âge de 90 ans, en déclarant sur France Matin que Maryse était une figure d’une grande importance pour lui, combinant à la fois force et fragilité.
Lorsqu’on la rencontrait, on était impressionné par sa force, son assurance, mais aussi par la vulnérabilité qui se dégageait de son vécu, de ses luttes passées. Elle avait cette particularité d’être à la fois assurée et fragile, ce qui déstabilisait souvent, selon Lyonel Trouillot.
Un caractère unique
Maryse Condé a partagé son histoire d’enfance dans son livre « Le cœur à rire et à pleurer. Contes vrais de mon enfance », décrivant sa vie dans la Guadeloupe des années 50, sa rébellion contre ses parents, en particulier son père et son comportement de petit bourgeois en quête de reconnaissance. Ce fut pour elle une période d’affirmation de soi, même si on ne ressent pas immédiatement chez elle un sentiment de fierté raciale ou communautaire.
Pour Lyonel Trouillot, l’un des défis de la vie de Maryse Condé était de se construire au-delà des déterminations historiques et régionales, tout en reconnaissant l’impact de ces éléments sur l’identité individuelle. C’est-à-dire, comment affirmer son « je » sans être totalement conditionné par l’histoire dont on est issu. C’est un aspect que l’on retrouve beaucoup dans la relation de Maryse Condé avec l’écriture et la vie.
Maryse Condé était l’une des rares auteures féminines de la littérature caribéenne de l’époque. Elle se distinguait par son désir d’insérer la fiction dans l’histoire. Lyonel Trouillot insiste sur le fait que l’écrivaine guadeloupéenne était à la fois dans le mouvement de l’émergence de ces voix caribéennes propres, de l’histoire et de l’épopée de la Caraïbe, mais elle avait aussi sa singularité qui ne se résumait pas à cela. C’est peut-être pour cette raison que son parcours a été quelque peu isolé, différent. Maryse Condé a souvent exprimé son regret de ne pas avoir reçu de son vivant, en Guadeloupe, la reconnaissance à la mesure de son talent et de sa renommée internationale.
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