Au cours du dernier mois de l’année 2009, la quinzième Conférence des Parties (COP15) rassemble les représentants de 193 pays. L’enjeu majeur est de parvenir à un consensus pour un pacte mondial qui serait le successeur du Protocole de Kyoto. Cependant, cette assemblée internationale consacrée aux enjeux climatiques se soldera par une déception.
Le 17 décembre 2009, Nicolas Sarkozy, alors président de la République française, prononce un discours engagé à la conférence de l’ONU sur le climat à Copenhague. Connue sous le nom de COP15, cette conférence rassemble les représentants de 193 pays dans le but de négocier un accord international pour remplacer le Protocole de Kyoto qui prend fin en 2012. Un nouveau protocole plus audacieux est nécessaire, avec des engagements également de la part des pays du Sud.
Nicolas Sarkozy ne le sait pas encore, mais cette COP15 sera un désastre. Un désastre d’autant plus retentissant que les attentes étaient très élevées. Paul Watkinson, négociateur pour la délégation française, se souvient des affiches proclamant « la dernière chance pour sauver la planète ». Il explique que l’objectif était de faire des progrès sur le climat et de coordonner les actions dans les pays développés. Il était également essentiel d’impliquer les États-Unis, qui s’étaient retirés du processus au moment de l’accord du Protocole de Kyoto, et d’inclure pleinement les grands pays en développement comme la Chine et l’Inde. Cependant, en essayant de tout faire, nous nous sommes fixé des objectifs trop élevés, regrette-t-il.
Une atmosphère tendue s’installe dans la confusion
Les enjeux étaient considérables, non seulement pour le climat, mais aussi pour le Danemark. Le Danemark, alors considéré comme un modèle en matière d’écologie, avait réussi à concilier croissance économique et protection de l’environnement. Il s’agissait également pour ce petit pays nordique de démontrer que grâce à sa diplomatie, il pouvait livrer un accord majeur au monde, tout comme la Norvège l’avait fait avec les accords d’Oslo, 16 ans plus tôt. Cependant, la pression sur le gouvernement danois est très forte, peut-être trop forte. Les Danois se sentent débordés par l’ampleur de la conférence. Accueillir Barak Obama et des milliers de personnes qui arrivent avec des files d’attente parfois de plusieurs heures sous la neige est une tâche ardue. De plus, le Danemark ne veut pas seulement faciliter la négociation, il veut aussi en être l’acteur principal. Lorsque le premier texte est présenté, les pays du Sud, en particulier les pays africains, se sentent offensés de ne pas avoir été consultés et estiment que le texte est orienté en faveur des pays occidentaux. C’est à partir de ce moment-là qu’une atmosphère tendue s’installe sur la conférence. La négociation stagne et s’enlise. Comme le soulignera plus tard la ministre chargée de l’événement : « Il a fallu deux ans pour construire une relation de confiance, et quelques heures seulement pour la détruire ».
Pour parvenir à un accord, il reste de fortes divisions, tant entre les pays du Sud et les pays industrialisés qu’entre la Chine et les États-Unis, notamment sur la question de la contrainte associée aux réductions d’émissions. Comme le souligne l’historienne des sciences Amy Dahan : « Quand Obama arrive à Copenhague en 2009, on espère que le monde va changer et que ça va être extraordinaire. Et finalement, qu’est-ce qui se passe ? Eh bien, il agit exactement comme Bush. Il a la même position. Il va d’une certaine façon, reléguer les Européens à leur place subalterne, c’était une humiliation pour la présidence danoise. » Il cherche à s’entendre avec les Chinois qui, eux, sont très habiles et s’entourent des autres grands pays en développement.
Un accord improvisé entre cinq États
Ces derniers ont désormais pris les rênes et il n’est plus question pour eux d’accepter que des accords internationaux leur soient imposés par les pays occidentaux. Le président chinois, Wen Jiabao, refuse de rencontrer Barack Obama, qui était pourtant arrivé le vendredi matin. Agacé d’être ignoré par son homologue chinois, le président américain décide de s’inviter à une réunion, où il trouve le leader chinois en pleine discussion avec ses homologues indiens, brésiliens et sud-africains. C’est lors de cette réunion à cinq que se scelle le sort de la COP15. Ils concluent un accord minimaliste : l’objectif d’une augmentation maximale de la température moyenne mondiale de 2 degrés d’ici 2100, et sur quelques financements pour l’adaptation. Et aussitôt Barack Obama retourne à Washington, non sans avoir tenu une conférence de presse pour annoncer qu’il y a un accord.
Pour le Premier ministre danois Rasmussen, c’est l’humiliation. Les pays du Sud refusent d’adopter un document qu’ils jugent « illégal » et négocié en secret, en violation de toutes les règles des négociations multilatérales. La séance finale est houleuse. Les délégués s’insurgent. Plusieurs pays s’opposent à l’accord, et il ne pourra donc pas y avoir d’accord : l’assemblée se contente de prendre note du document. La COP15 s’achève dans un échec total, avec un retard de 24 heures.
C’est la COP suivante, à Cancun au Mexique, qui va remettre les choses en ordre. Mais il faudra encore cinq longues années avant qu’un accord ambitieux ne soit conclu, à Paris en 2015. Mais si l’Accord de Paris a été possible, c’est avant tout parce que nous avons su tirer les leçons de l’échec de Copenhague.
« Les ratés du climat », un podcast de François Gemenne en collaboration avec Pauline Pennanec’h, réalisé par François Richer, mis en ondes par Thomas Coudreuse. Un podcast à retrouver sur le site de France Matin, l’application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcasts, Podcast Addict, Spotify, ou Deezer.
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