Mardi soir, à la Mutualité, la majorité s’est rassemblée pour une assemblée d’appui au leader de la liste Renaissance, qui est actuellement largement devancé dans les enquêtes d’opinion par le Rassemblement national.
« Nous occuperons encore une fois la deuxième place, tout comme la fois précédente. Et alors ? Nous restons fidèles à notre président, notre base est solide », rétorque Agathe, membre du parti au pouvoir depuis 2019. Tout comme de nombreux militants du parti Renaissance, cette spécialiste en communication politique a pris acte de la montée en flèche de Jordan Bardella, le candidat du Rassemblement national pour les élections européennes, qui devance largement Valérie Hayer. Cette dernière, candidate du parti Renaissance qui a tardé à dévoiler sa liste et son programme, est créditée de 17% des intentions de vote, contre 32% pour le candidat du Rassemblement national, selon le dernier baromètre Ipsos.
Dans le but de redynamiser sa campagne, la candidate du parti présidentiel a organisé son premier meeting à Paris, à la Mutualité, le mardi 7 mai, en présence de l’ensemble de la direction du parti macroniste, du gouvernement et du Premier ministre. « Nous sommes prêts et unis pour la dernière ligne droite de cette campagne. Je lance donc un appel à la mobilisation générale! », a déclaré Valérie Hayer. Gabriel Attal, quant à lui, a affirmé avec conviction que ce meeting marquait un tournant décisif dans la campagne et que les Français commençaient à s’intéresser à ce qui se passait. Il s’est dit « fier » de la candidate du parti Renaissance, nommée tardivement. Le Premier ministre a également souligné l’importance de la date du meeting, qui coïncidait avec le septième anniversaire de l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée, dans une salle très prisée des macronistes.
Une élection européenne dramatisée
« Nous ne sommes pas résignés », a confié un proche du président quelques minutes avant le début du meeting. « Tout est possible. Nous avons désormais un programme. Il est temps de faire campagne sur ce programme plutôt que de se concentrer uniquement sur nos adversaires politiques. La bataille commence », a-t-il ajouté. Plusieurs hauts responsables de la majorité, tous en position non éligible sur la liste Hayer, se sont succédé à la tribune : deux anciens Premiers ministres, Edouard Philippe et Elisabeth Borne, Stéphane Séjourné, le ministre des Affaires étrangères et secrétaire général de Renaissance, ainsi que François Bayrou, le chef du MoDem. Ils ont tous souligné l’importance des enjeux des élections du 9 juin. « Cette élection fera date dans l’histoire, car le monde a changé », a déclaré le maire de Pau. « Notre démocratie est en danger, c’est peut-être l’enjeu de cette élection », a également affirmé Stéphane Séjourné, appelant à la mobilisation de son camp pour remporter la victoire.
La mobilisation des partisans de Macron est faible, a constaté Mathieu Gallard, directeur d’études à l’institut Ipsos, pour France Matin. « Les électeurs d’Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle de 2022 sont parmi ceux qui ont le moins l’intention de voter ». Cependant, cela n’a pas découragé les militants présents à la Mutualité. « J’ai de l’espoir, l’électorat macroniste est en train de se réveiller », a affirmé Laure, militante du MoDem, âgée de 68 ans. « Il ne faut pas perdre de temps à lutter contre le RN, il faut plutôt expliquer pourquoi il faut voter pour nous. »
Gabriel Attal a également souligné l’importance cruciale de cette élection, en évoquant le bilan et le programme de la majorité. Le Premier ministre a consacré une partie de son discours à critiquer l’extrême droite. Vivement applaudi par les militants, il a dénoncé « le projet dissimulé » du Rassemblement national. Gabriel Attal a qualifié les membres du camp de Marine Le Pen d' »europhobes anonymes », après avoir été des « europhobes déclarés ». « Posez une seule question à tous ceux que vous connaissez qui doutent ou qui sont indécis : quelles seraient les conséquences d’une vague brune qui déferlerait sur le Parlement européen le 9 juin prochain? », a-t-il mis en garde.
« Nous ne mentionnons pas Glucksmann »
Valérie Hayer, dont la voix était moins assurée que celle du Premier ministre, a également ciblé le RN. Elle a exprimé le désir de « démasquer les mensonges et les tromperies de l’extrême droite ». Elle s’est notamment adressée à Colombe, une sympathisante du RN dont la vidéo lors du meeting de Jordan Bardella à Perpignan a suscité des réactions dans l’ensemble de la classe politique. « Je veux ici m’adresser à toutes les Colombes de notre pays : avec eux au pouvoir, on le voit ailleurs en Europe, aucun prix ne baisse, aucun salaire n’augmente, aucune usine ne rouvre. C’est pour vous, Colombe, pour tous les résignés, que je veux me battre », a-t-elle affirmé.
La majorité veut faire de ces élections un duel contre le Rassemblement national, sans tenir compte des autres partis. En effet, la présidente du groupe Renew au Parlement européen doit également faire face à la dynamique du candidat PS-Place publique Raphaël Glucksmann, mais le candidat socialiste n’a pas été mentionné. « Nous ne parlons pas de Glucksmann mais de la liste Nupes », a confié un stratège du camp présidentiel. « Jean-Luc Mélenchon l’a dit, le candidat socialiste ose à peine le dire, mais tous deux considèrent cette élection comme la primaire de la Nupes pour 2027 », a dénoncé Gabriel Attal.
Enthousiasmé par les acclamations de la salle, le Premier ministre a exhorté les militants à se mobiliser sur le terrain. « Battons-nous », a-t-il répété à plusieurs reprises. « Il nous reste un mois », a répondu Valérie Hayer en écho.
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