L’invitée économique de France Matin, le lundi 5 février, est Geneviève Ferone Creuzet. Co-fondatrice de Prophil, un cabinet de conseil, et de l’AG du futur, elle est notre interlocutrice du jour.
Prophil et la deuxième édition de l’AG du futur
La société Prophil, spécialisée dans la recherche et le conseil en stratégie, organise le mardi 6 février, au théâtre des Variétés à Paris, la deuxième édition de l’AG du futur. Cette conférence-spectacle, présentée sous la forme d’une assemblée générale, remet en question la fonction des entreprises et le rôle des actionnaires.
Geneviève Ferone Creuzet, cofondatrice de Prophil et de l’AG du futur, exprime son souhait de faire comprendre aux petits actionnaires, par le biais de cette initiative, qu’ils ont un pouvoir dont ils ne se rendent pas compte. Elle veut leur faire comprendre qu’ils ont des intérêts à défendre et qu’ils doivent changer leur façon de penser.
Geneviève Ferone Creuzet et son point de vue sur les assemblées générales
Selon Geneviève Ferone Creuzet, les assemblées générales d’actionnaires sont souvent théâtrales et pleines de postures. C’est pour cela qu’elle a voulu créer Mirliton, une entreprise fictive représentative de l’agroalimentaire, familiale et cotée en bourse. Par le biais d’un scénario très rigoureux, des questions sont posées aux spectateurs, qui jouent le rôle des actionnaires de cette entreprise. L’objectif est de les amener à réfléchir avant de voter.
L’AG du futur vise à permettre aux participants de se questionner et de rompre avec l’idée que les actionnaires sont un groupe indistinct de personnes inconnues et distantes.
Le pouvoir méconnu des petits actionnaires
Geneviève Ferone Creuzet est convaincue que les petits actionnaires ont un pouvoir qu’ils ne soupçonnent pas. Elle veut leur faire comprendre qu’ils ont des intérêts à défendre et qu’il est dans leur intérêt de changer leur façon de penser, de décider où placer leur argent et quoi faire de leur argent.
Qu’est-ce que la post-croissance ?
La post-croissance, selon Geneviève Ferone Creuzet, consiste à faire face à la réalité. C’est prendre conscience que nous avons dépassé les limites de la planète et que nous avons crée des situations extrêmes en matière d’eau, de cycle du phosphore et de l’azote. La post-croissance, c’est aussi penser à un nouvel imaginaire qui doit être tangible et non pas une pensée magique. La véritable croissance est celle qui est écologiquement et socialement juste.
Le vote des actionnaires sur l’action climatique des entreprises
Geneviève Ferone Creuzet s’interroge sur le vote des actionnaires en matière d’action climatique des entreprises. Elle soupçonne qu’ils votent sans avoir une connaissance approfondie de la situation. Elle pense qu’il est important de sortir les actionnaires de leur rôle passif et de ne pas laisser les intermédiaires décider à leur place.
Le vote des actionnaires en fonction du dividende et non de l’intérêt général
Selon Geneviève Ferone Creuzet, les intermédiaires conseillent les actionnaires sur la manière de voter en fonction du dividende à court terme et sous un angle uniquement financier. Elle veut amener les actionnaires à réfléchir dans une dimension sociale et environnementale et à prendre en compte les enjeux à moyen et long terme.
Le record de rendement des entreprises du CAC40 aux actionnaires
En 2023, les entreprises du CAC40 ont rendu 97 milliards d’euros à leurs actionnaires, un record. Cependant, Geneviève Ferone Creuzet souligne que ce système est à court terme et ne profite qu’aux grands actionnaires institutionnels et aux grands fonds de pension. Elle estime que ce système est absurde et qu’il faut repenser la création de valeur future.
La post-croissance et le risque de délocalisation des grandes entreprises
Geneviève Ferone Creuzet reconnaît que la question de la post-croissance est politique. Cependant, elle estime qu’il est inévitable d’y faire face. Elle rappelle que dans un monde où la température globale aura augmenté de quatre degrés, la question des dividendes ne se posera plus. Il est donc nécessaire d’investir dès maintenant.
Retour aux origines du capitalisme
Geneviève Ferone Creuzet veut renouer avec l’idée originale du capitalisme, qui n’était pas une rente, mais un risque. Elle veut se confronter à la réalité, innover et progresser, mais tout en respectant les limites de la planète. C’est ce qui créera de la valeur à l’avenir. Elle voit le monde actuel comme un crépuscule, une période de transition vers l’avenir. C’est pour cette raison que l’événement s’appelle l’AG du futur.
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