L’organisme en charge de la transition écologique a diffusé lundi deux recherches dédiées aux centres de traitement de données et à la demande en métaux dans ce domaine en croissance continue.
Le nombre d’équipements numériques en France ne cesse de croître, comme le soulignait le baromètre annuel du numérique de l’Arcep en mai dernier. Cette situation suscite des préoccupations environnementales car le secteur du numérique, dont l’impact est déjà notable, est en pleine croissance, en raison notamment de l’expansion des appareils connectés et des univers virtuels, a prévenu l’Ademe le 4 novembre dernier.
Afin d’évaluer cet impact, l’Agence de la transition écologique a publié deux études sur le sujet, l’une portant sur les centres de données et l’autre sur les besoins en métaux du secteur. Selon l’Ademe, le numérique est responsable de 2,5% de l’empreinte carbone annuelle de la France, soit l’équivalent du secteur des déchets, et de 10% de sa consommation électrique.
Une consommation énergétique croissante des centres de données
L’Ademe se penche tout d’abord sur l’impact des centres de stockage de données. La première étude révèle qu’ils sont responsables de 16% de l’empreinte carbone du numérique, et ce en ne comptabilisant que les centres situés en France. Le document souligne que de nombreux usages en France sont hébergés à l’étranger. Cette tendance est en hausse, notamment en raison du développement de l’intelligence artificielle et du big data. L’étude prévoit que « Les centres de données vont représenter une part de plus en plus importante de l’impact environnemental du numérique, en raison notamment de l’augmentation du volume de données (+20% par an) et de la part de la consommation d’électricité en France qui pourrait atteindre 6% en 2050 ». Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la consommation électrique mondiale liée aux centres de données pourrait doubler d’ici à 2026, pour atteindre 1 000 TWh, soit l’équivalent de la consommation électrique du Japon.
L’étude mentionne en outre la consommation d’eau nécessaire au refroidissement des centres de données, qui peut devenir problématique en période de forte chaleur et de stress hydrique. L’Ademe aborde également la question des sols, alors que la construction de nouveaux centres de données est en contradiction avec l’objectif français de « zéro artificialisation nette » d’ici 2050. L’Agence propose plusieurs solutions pour atténuer ces impacts, comme l’implantation de nouveaux centres de données dans des friches urbaines ou la valorisation de la chaleur produite par les serveurs pour chauffer une piscine, une résidence ou alimenter un réseau de chaleur.
Des métaux de plus en plus rares et difficiles à recycler
La deuxième étude se penche sur la consommation et l’utilisation de 25 métaux dans les équipements numériques (ordinateurs portables, tablettes, smartphones, téléviseurs, consoles, objets connectés et box internet). L’étude souligne tout d’abord le manque de transparence concernant la composition de ces équipements. Elle indique également que l’extraction des métaux est fortement concentrée dans certains pays, notamment la Chine, qui est le premier producteur mondial de 15 des 25 métaux examinés dans l’étude, et en situation de quasi-monopole pour 7 d’entre eux.
L’Ademe met également en garde contre la diminution de la disponibilité de certains métaux à l’avenir en raison de l’augmentation du nombre d’équipements. L’étude identifie l’étain, l’argent, le ruthénium, le nickel et l’antimoine comme particulièrement critiques, après avoir évalué la demande future de ces métaux, la durée de vie des réserves et les risques géopolitiques associés à leur approvisionnement. L’Ademe déplore en outre le faible niveau des capacités de recyclage : « Pour la moitié des métaux étudiés, il n’existe pas de filière de recyclage à échelle industrielle en France et dans l’Union européenne ».
Face à ces défis, l’Agence de la transition écologique préconise de « réduire » les impacts environnementaux du secteur. Elle recommande de concevoir les outils numériques de manière à limiter l’empreinte de leur fabrication et d’interroger leurs usages dans une démarche de sobriété.
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