Mercredi, Jean-Luc Mélenchon et la spécialiste en droit Rima Hassan étaient présents lors d’un rassemblement dans la région Nord. La crise au Moyen-Orient a majoritairement retenu l’attention durant cet évènement, une approche qui crée des dissensions au sein des votants de gauche.

Lors d’un rassemblement politique organisé par La France insoumise (LFI) à Roubaix (Nord) le 17 avril, Jean-Luc Mélenchon et la juriste d’origine palestinienne Rima Hassan ont pris la parole. Cet événement a eu lieu quelques heures après l’annulation par l’Université de Lille d’une conférence de LFI sur Gaza, qui a finalement été tenue ailleurs à Lille le soir même. Au cours de ce meeting, le conflit israélo-palestinien a été largement discuté. LFI a fait de la Palestine un point central de sa campagne électorale.

Lorsque Jean-Luc Mélenchon a pris la parole, la foule s’est levée en un seul mouvement. « Cessez-le-feu ! Arrêtez, ça suffit, les gens ont assez souffert ! » a exhorté l’ancien candidat à la présidence. Des drapeaux palestiniens ont été brandis parmi les premiers rangs. Mustapha Lougrada, un des participants, a également appelé à un cessez-le-feu. « Il y a des enfants qui meurent tous les jours, et je pense que c’est aussi le rôle d’un mouvement comme La France insoumise de dénoncer et d’alerter l’opinion publique sur ce qui se passe à Gaza. »

Riad, un jeune homme de 17 ans portant un pin’s aux couleurs de la Palestine sur sa veste, partageait ces accusations de génocide. « On a l’impression dans le monde médiatique qu’il y a un deux poids, deux mesures. Avec l’Ukraine, oui on est tous là, mais pour Gaza, ce n’est pas grave. » Il soutient la décision de LFI de faire de Gaza un sujet de campagne pour ces élections. « Quand la majorité des pays européens ne reconnaissent pas la Palestine comme un État, oui c’est un problème. »

Des soutiens déçus

Comme Riad, les militants et sympathisants présents au meeting de Roubaix étaient tous convaincus que Gaza est un problème européen. Cependant, cette position des insoumis sur la Palestine a découragé certains électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2022. Serge, qui n’a pas apprécié la réaction de LFI après l’attaque du Hamas contre Israël, estime qu’il aurait été plus simple pour eux de condamner ouvertement le Hamas en tant que groupe extrémiste et terroriste. Serge a décidé de voter pour le parti communiste aux élections européennes.

Valentin, qui avait voté pour Jean-Luc Mélenchon lors des dernières élections présidentielles, ne votera pas non plus pour LFI le 9 juin. Il est troublé par la stratégie pro-palestinienne des insoumis. « Le point de vue est clivant, juge-t-il. Je pense que ce n’est pas forcément un très bon calcul. Je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est dans une logique électorale : chercher des voix dans les minorités qui sont le plus susceptibles d’être pro-palestiniennes. »

La direction de LFI assume d’ailleurs chercher un regain de participation dans les quartiers populaires en mettant en avant la question palestinienne. Un sondage récent de Radio France place la tête de liste Manon Aubry à 7%. Et selon une étude de la Fondation Jean-Jaurès, seulement un tiers des électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2022 envisage de voter pour LFI aux européennes.