Il n’y a pas l’air d’avoir de volontaires pour former une alliance avec le Nouveau Front populaire tant que les insoumis y seront présents. Cela soulève donc cette interrogation : qui est disposé à se séparer de LFI ?
Alors que Lucie Castets, figure de proue du Nouveau Front populaire, est activement engagée dans la course pour porter la gauche à Matignon, il est clair qu’Emmanuel Macron ne donnera pas cette opportunité au Nouveau Front populaire tant que les insoumis sont présents. Même s’il devait le faire, ni la droite, ni le centre, ni les partisans de Macron ne les soutiendraient à l’Assemblée. Ce gouvernement serait renversé par la première motion de censure. Que ce soit justifié ou non, c’est un fait, et on l’a vu lors des élections législatives : La France insoumise suscite autant d’inquiétude, voire plus, que le Rassemblement national. Les déclarations de Thomas Porte, qui a demandé l’exclusion des athlètes israéliens des Jeux, n’ont pas arrangé les choses. Au sein de La France insoumise, cinq dissidents, Clémentine Autain, Alexis Corbière, Hendrik Davi, François Ruffin et Danièle Simonnet ont déjà rompu avec les insoumis et vont siéger avec les écologistes. Chez leurs alliés, le Parti socialiste, le Parti communiste et les Verts : le Front semblait jusqu’à présent solide, mais il commence maintenant à se fissurer.
En réalité, ce sont les vieilles divisions de la gauche qui refont surface. Les écologistes ont historiquement un grief contre les socialistes. Un membre d’Europe Écologie Les Verts parle même de phobie. Dans chaque canton, vous trouverez un écologiste qui a été maltraité par un maire socialiste dans le passé. Même ceux qui sont les plus critiques de l’ambiguïté des insoumis sur le Hamas du 7 octobre veulent qu’ils restent car ils les protègent contre les socialistes. Au sein du Parti socialiste, le traumatisme est le mandat de Hollande. « Vous ne pouvez pas imaginer le sentiment de trahison qui persiste chez nos militants », déclare une figure du PS qui estime qu’il est impératif de se recentrer à gauche, c’est-à-dire de rester avec les insoumis ! Ce qui ne signifie pas que tout le monde au PS soit sur une ligne programmatique radicale. Toutes ces divisions sont apparues en pleine lumière jeudi, lors d’un conseil national extraordinaire. Les opposants à Olivier Faure se posent des questions sur la campagne active de Lucie Castets pour Matignon, qui est résolument à gauche ! Incapable de prendre clairement ses distances avec Thomas Portes sur la question des athlètes israéliens.
L’attrait de la proportionnelle
Les négociations se poursuivent pendant cette période, même dans les gradins olympiques, où l’on voit des socialistes et des macronistes engagés dans d’intenses discussions. Élisabeth Borne fait des appels du pied à son ancienne famille politique de gauche. Certains écologistes ne sont pas en reste. Un groupe de discussion What’sApp « œcuménique » s’est formé avec des macronistes comme Agnès Panier Runacher. Une proposition se fait de plus en plus entendre : qu’Emmanuel Macron annonce la mise en place de la proportionnelle pour les prochaines élections. C’était une promesse de campagne en 2017. Cela donnerait plus de liberté à toutes les forces politiques, qui n’auraient plus besoin de s’allier avec les insoumis pour les prochaines élections. Bien sûr, pour Emmanuel Macron, le risque serait de voir le Parti socialiste répéter le score de Raphael Glucksman aux élections européennes. La clé semble toujours être du côté de l’Élysée.
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