Alors que la cérémonie d’inauguration des Jeux Olympiques de Paris 2024 n’est plus qu’à quelques heures, des perturbations majeures sont signalées sur certaines voies ferrées à haute vitesse, suite à des « actes délictueux », selon les mots de Patrice Vergriete, le ministre en charge des Transports.

La SNCF cible de plusieurs actes de sabotage

La SNCF a déclaré avoir été la cible de plusieurs actes de sabotage simultanés ayant affecté les Lignes à Grande Vitesse (LGV) Atlantique, Nord et Est. Des feux volontaires ont été allumés dans le but de nuire à nos installations, a-t-elle expliqué dans un communiqué diffusé le vendredi 26 juillet, quelques heures avant l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024.

Il est signalé que la circulation des trains à grande vitesse sur les axes Atlantique, Nord et Est est fortement perturbée. La SNCF a indiqué qu’elle est contrainte d’acheminer certains trains via les lignes classiques, mais elle devra en annuler un grand nombre. Seule la LGV Sud-Est n’a pas été touchée. Un acte de sabotage a été déjoué sur cette ligne, a précisé la SNCF.

Des « feux volontaires allumés au niveau des armoires électriques »

Cinq actes de sabotage ou tentatives de sabotage ont été signalés sur le réseau SNCF entre 1 heure et 5h30 le vendredi matin. Ces actes visaient des boîtiers électriques ou de signalisation. Les dégradations sont le résultat de feux volontaires allumés au niveau des armoires électriques ou de signalisation situées le long des voies, a expliqué une source proche du dossier. Aucune arrestation n’a encore été effectuée et aucune revendication n’a été faite. Cependant, la gendarmerie, y compris des spécialistes en police technique et scientifique, sont fortement mobilisées.

En Meurthe-et-Moselle, à Vandières, un feu a endommagé une installation électrique située au sol, selon les premières informations recueillies par France Bleu Lorraine Nord. Un employé de la SNCF a expliqué qu’une « conduite de câbles » a été incendiée. Il s’agit d’une sorte de canal dans lequel tous les câbles d’alimentation électrique sont enterrés. L’acte de sabotage a eu lieu au kilomètre 264 de la ligne TGV, paralysant les deux voies entre Strasbourg et Paris.

La Junalco (Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée) a annoncé le vendredi qu’elle a ouvert une enquête sur « l’ensemble des dégradations volontaires causées sur des sites SNCF ». L’enquête sera menée notamment pour détérioration d’un bien susceptible de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation, atteintes à un système de traitement automatisé de données en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre ces crimes et délits.

« C’est un morceau de la France que l’on attaque »

« Je condamne fermement ces actions criminelles qui vont compromettre les départs en vacances de nombreux Français. Merci aux équipes de la SNCF, qui travaillent d’arrache-pied pour rétablir au plus vite les conditions de circulation », a déclaré le ministre des Transports, Patrice Vergriete.

Lors d’une conférence de presse, le ministre chargé des Transports a indiqué que « tous les éléments dont nous disposons montrent que ce sont bien des incendies volontaires. Les heures de concomitance, les camionnettes retrouvées avec des personnes qui ont pris la fuite, des agents incendiaires qui ont été retrouvés sur place », a-t-il précisé, ajoutant qu’une enquête est en cours.

Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a déclaré lors de cette même conférence de presse qu' »aujourd’hui, ce sont les grands départs qui sont attaqués. A travers la SNCF, c’est un morceau de la France que l’on attaque ». Il a affirmé que la compagnie ferroviaire déploierait tous les moyens nécessaires pour aider les voyageurs et résoudre le plus rapidement possible les perturbations causées.

La préfecture de police de Paris a renforcé ses effectifs dans les gares parisiennes, a déclaré Laurent Nuñez, préfet de police de Paris, invité sur France Matin vendredi. « Nous renforçons le dispositif de sécurité, c’est ce que nous avons fait dès ce matin ».

Perturbations prévues « au moins tout le week-end »

Cette attaque survient à quelques heures seulement de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques 2024 à Paris, alors que de nombreux voyageurs sont attendus dans la capitale. De nombreux vacanciers sont également en transit. Selon la SNCF, 800 000 voyageurs sont concernés. En particulier, le hall de la gare Montparnasse est saturé de voyageurs, comme le montrent des vidéos postées sur les réseaux sociaux.

« La gare la plus touchée est la gare Montparnasse » à Paris, a déclaré le ministre des Transports lors d’une deuxième conférence de presse. « La gare du Nord et la gare de l’Est sont un peu moins touchées ». « Il n’y aura pas de circulation à partir de la gare Montparnasse jusqu’à 13 heures », a déclaré le directeur de la SNCF Voyageurs. La Bretagne et le Sud-Ouest sont les régions les plus touchées. En revanche, sur les lignes LGV Nord et Est, également touchées, « les trains circulent avec un retard de 1h30 à deux heures ».

Le PDG de la SNCF a assuré que l’entreprise était mobilisée pour que cette situation dure le moins longtemps possible. « Des centaines d’agents attendent sur place que les enquêtes de police soient terminées pour intervenir ». Mais il estime qu’il faudra « environ deux jours pour tout remettre en ordre, soit tout le week-end ».

La compagnie Eurostar est également touchée par cette « attaque massive » contre le réseau de trains à grande vitesse. Plusieurs trains reliant Paris à Londres vendredi sont « annulés », selon la compagnie ferroviaire. La liaison entre Paris et Bruxelles est également perturbée. Le personnel d’Eurostar est « pleinement mobilisé dans les gares, les centres d’appel et à bord » pour s’assurer que les passagers sont bien informés, assure l’entreprise.

Le directeur de la SNCF Voyageurs a également assuré que les passagers concernés par ces perturbations seront progressivement informés par SMS et par mail dans les prochaines heures. Dans son communiqué, la SNCF conseille à « tous les voyageurs qui le peuvent de reporter leur voyage et de ne pas se rendre en gare », précisant que tous les billets sont échangeables et remboursables.