Pour se prémunir contre la hausse du niveau de la mer, les Maldives ont recours à la technique du remblayage. Cependant, cette méthode qui implique le déplacement du sable afin de rehausser le niveau du sol suscite de vives contestations au sein d’une fraction des habitants locaux.
La montée des eaux menace les Maldives
Dans l’archipel des Maldives, la majorité des terres se situent à moins d’un mètre au-dessus du niveau de la mer. En raison de la fonte des glaces entraînant une augmentation du niveau des eaux, la plus grande partie de ces terres pourrait être submergée ou devenir inhabitable d’ici trois décennies. En réponse à cette menace, les autorités entreprennent des travaux de remblaiement, en extrayant du sable du fond de la mer pour rehausser le niveau des terres. Cependant, ces opérations sont remises en question car elles entraînent la destruction d’une grande portion de la vie marine.
Dans la banlieue de Malé, la capitale des Maldives, la ville de Hulhumalé est en pleine extension grâce à l’utilisation de bulldozers. Elle accueillera bientôt une nouvelle zone urbaine, offrant de nouveaux commerces et habitations. Ce territoire sera élevé à deux mètres au-dessus du niveau de l’eau, soit nettement plus haut que la capitale, afin de se prémunir de la montée de l’océan Indien. Cependant, selon Humay Abdulghafoor, une militante du collectif Save Maldives, ce remblaiement aura des conséquences néfastes sur l’environnement naturel du lagon.
Humay Abdulghafoor critique ainsi : « Les coraux des régions avoisinantes seront également touchés, car lors de l’extraction du sable, des sédiments sont libérés qui risquent de les recouvrir et de les suffoquer. »
Les activistes ne sont pas les seuls à s’inquiéter de l’impact des bulldozers sur le sable. Les pêcheurs sont également affectés par ces travaux. Hussein Nashid, un pêcheur de thon jaune au départ du port d’Hulhumalé, explique : « Près d’ici, ils ont commencé à prélever du sable dans l’un des sites les plus riches en poissons appâts. Leurs travaux font disparaître les poissons! Nous ne pouvons plus pêcher. Nous devons désormais naviguer pendant neuf heures, au lieu d’une heure auparavant. Et nous consommons ainsi 1 000 litres de diesel supplémentaires. »
L’intensification des travaux
Au cours des huit dernières années, 537 travaux de remblaiement ont été effectués aux Maldives. Cette technique est désormais davantage employée pour des projets immobiliers ou touristiques, plutôt que pour se protéger de l’érosion. « Une loi est en cours d’examen pour renforcer le rôle de l’agence de protection de l’environnement », affirme Lisama Sabry, du ministère de l’Environnement. « Cette agence devrait avoir le pouvoir d’arrêter des projets sur la base des conclusions des études d’impact. Sinon, ces études n’ont aucun sens. »
En attendant ces modifications législatives, les travaux se poursuivent à un rythme accéléré. Le président des Maldives a récemment lancé le projet de remblaiement le plus important de l’archipel, à proximité de la capitale. S’étendant sur 11 km², ce projet prévoit, entre autres, la création de deux îles et des complexes touristiques.
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